Fixe un point au loin, et ne le lâche plus des yeux. Il te mènera jusqu'à ton but ultime. Une phrase que ta mère ne cessait de répéter ma belle, n'est-ce pas ? Elle qui t'a élevée seule savait parfaitement de quoi elle parlait. La vie ne lui a jamais montré son meilleur profil, et pourtant, elle ne lui a jamais foutu une baffe en pleine face. Non, elle s'est retenue, juste pour toi. Pour t'offrir une belle vie, un bonheur sans précédent, un sourire infini. Elle a trimé, elle a dû essuyer la boue de ses vêtements, de sa réputation, mais au final, tu es devenue cette magnifique jeune fille que tu étais. Drôle, attachante, passionnée et passionnante. Tu découvrais et faisait découvrir le monde à ta façon. À la mode Charlienne, hein ? Toi la petite fille sans peur ni lois, toi la petite sans père, qui avait forgé sa force dans le pire des maux. Tu n'avais jamais courbé la tête, tu n'avais jamais voulu t'avouer vaincue. À l'école, ton bulletin était envié de plusieurs, et ta beauté jalousée de la moitié des filles de ta classe, et de ton école entière. Si bien qu'on a attenté à ton intégrité, à ta réputation, à celle que tu étais. Les coups-bas, tu as connu. Pour un coup de blues, un coup de je t'aime. Ah l'amour, quelle belle tragédie, n'est-ce pas ? Celle commise par sept milliards d'individus, depuis des siècles et des siècles. Tu n'as donc pas échappé à la règle, et c'est pour de beaux yeux que tu es tombée. Tu ne le connaissais pas vraiment, mais ton cœur semblait l'avoir choisi. Ses mains, ses caresses, et le peu de bon sens qu'il te restait partait en fumée, consumé par ce qui faisait de " toi et lui " un " vous ". Marcher main dans la main, se dire que quoi qu'il arrive, tu aurais toujours une épaule sur laquelle t'appuyer, c'est de cela dont tu rêvais. D'une petite vie de princesse, de prince charmant sur son cheval blanc. Grosse connerie. Ton prince charmant t'a rendue malade, malade à vie. Il t'a laissé deux cadeaux, deux cadeaux empoisonnés : un enfant, et une maladie. Tu es séropositive, il n'y a pas d'erreur. Tu as ce poids qui pèse sur tes épaules, et qui plus est, tu vas donner la vie. On ne pourrait faire plus compliqué. Et Prince Charmant t'abandonne, comme ta mère, qui ne sait vraiment quoi faire. Observer sa petite, son rayon de soleil se faire bouffer de jour en jour, très peu pour elle. Si couper les ponts peut atténuer sa douleur, ce serait ce qu'elle fera. Et te voilà donc, six mois de grossesse, de douleur, de solitude, mais également de petits bonheurs, piochés par ci, par là. Le cœur gros, en bandoulière, ton corps sur la civière, tu te laisses entrainer sur les flots tumultueux de la vie. Ce n'est pas ce que tu préfères, ce n'est pas ce à quoi tu t'étais imaginée, mais c'est ce que tu as, et si tu n'as pas ce que tu aimes, tu apprends à aimer ce que tu as. Keep holding on Barbie Girl, the sun is only a few steps ahead in front of you.