Partir de Venise avait été la meilleure chose qui soit arrivée à Roxane. Elle avait fait des rencontres merveilles, avait connu Candice, la meilleure amie qu'elle n'avait jamais eu, et elle avait grandit. Mûrie. Loin de tout, loin de ses problèmes, loin de sa famille. Loin de lui. Mais ça avait été la pire chose, aussi. Parce qu'en fuyant en Italie, Roxane en était sûre: elle perdait Neven à tout jamais. N'était-ce pas ce qu'elle avait toujours voulu ? Faire comme si elle ne l'avait jamais rencontré ? Elle en était tellement amoureuse. Il la rendait folle, la rendait si heureuse. Détruire ce lien avait été terrible. Les premiers mois à Venise avait été les mois les plus horribles de sa vie. Elle se détruisait elle-même, s'interdisant de l'appeler, ou même de lui envoyer un texto. Et puis c'est la rancune qui a prit le dessus. Il avait été encore plus lâche qu'elle, en laissant la raison prendre toute la place dans sa décision. Il l'avait laissée tomber, comme une vulgaire chose. Comme si cette année passait à ses côtés ne signifiait rien. Neven Middleton a été la plus belle rencontre de sa vie, mais aussi la pire. Et c'est dans cette haine envers ses sentiments, envers la raison et même envers Neven qu'elle se nourrit durant toute une année. Avant de revenir à Montréal.
Pour lui ? Sûrement pas. Du moins, c'est ce qu'elle ne cesse de se répéter. Qu'elle n'est pas revenue pour lui, mais pour la ville et les gens, hormis Neven, qui y habitaient. Se poser à Montréal fut comme un nouveau départ pour Roxane. Elle rentra à St. Mary's et noua des liens avec tout le monde assez rapidement.

Exténuée, Roxane avait passé sa journée entre les bips, les patients et les salles d'opération. Tout ce qu'elle avait envie, là, maintenant, c'était se reposer. Il devait être minuit quand elle se rendit dans la salle de garde. Malgré la fatigue, la jeune femme voulait à tout prix continuer, et ce fut son chef qui l'envoya de force aller dormir. Elle n'eut nul autre choix que d'y aller, se rendant directement sur le petit lit pour s'allonger et fixer le plafond. Dormir sur commande n'avait jamais été sa tasse de thé. Alors elle n'avait plus qu'à attendre. Attendre que les bras de Morphée la prennent. Malheureusement pour elle, la porte s’entrouvrit, alors qu'elle était dans le noir complet. Elle soupira et releva son buste, tandis que la lumière se rallumait lentement. Elle plissa légèrement les yeux, presque aveuglée par cette lumière bouffante, avant de se rendre compte de la personne qui était rentrée, pensant qu'il n'y avait personne. Neven. Après deux mois de service où Roxane avait tout fait pour l'éviter, après deux mois en sachant qu'il n'était pas loin d'elle, sans le voir, elle tombait nez-à-nez sur lui. Et son coeur se serra, si fort, qu'elle crut exploser. Son rythme cardiaque devint de plus en plus effréné, tandis que la sensation d'être paralysée traversait tout son corps entier. Elle en oublia presque de respirer, avant d'entre-ouvrir la bouche. Elle avait envie de lui dire de partir. De s'en aller, pour ne plus jamais ressentir ces émotions si cruelles. L'Amour était toujours présent chez elle, c'était tout simplement évident. Mais la colère et la rancune y étaient aussi, et ça, c'était pire que tout. « C'est occupé. Reviens plus tard. » Sa voix était tellement froide qu'elle lui foutu même des frissons.

Je l'ai aimé. C'est certain, je ne peux pas revenir sur ce point, ni même prétendre le contraire. Cependant, dés l'instant où elle m'avait laissé, dépité, devant l'aéroport, elle avait cessé d'exister pour moi. Au pas au sens propre, ce qui est bien dommage d'ailleurs, cela m'aurait évité bien des inconvénients. Je parlais plutôt dans mon cœur, ou ce qu'il en reste. Du moins, j'ai tenté de la faire disparaître mais elle s'impose à moi lorsque je m'y attends le moins. Il m'arrive de rêver d'elle, de rêver qu'elle ne s'est pas envolée à jamais. J'étais conscient que mon choix avait été déterminant. Il fallait se rendre à l'évidence, je n'allais pas m'enfuir avec elle, j'ai choisi la sécurité, pour une fois. Sans compter que j'aime également ma femme, Jezabel. Seulement, j'aurais souhaité rencontrer sa sœur avant notre mariage. Les choses seraient différentes à présent. Aussi, lorsqu'elle a débarqué il y a deux mois, mes yeux se sont écarquillés d'effarement, je ne m'attendais pas à ce qu'elle revienne. Je l'avais presqu'oubliée, elle omnibulait de moins en moins mes pensées. Je me demandais d'ailleurs pourquoi elle était revenue, pourquoi, maintenant que les choses allaient mieux, elle avait décidé de tout remettre en bordel ! Je la haïssais pour cela, elle m'était ma tête et mon cœur sans dessus-dessous. Je l'aimais, oui, mais le mépris prenait le dessus pour l'instant et je ne pouvais m'empêcher de la regarder de travers, de la fusiller du regard. Elle m'avait meurtri. Voilà pourquoi j'avais toujours refuser de m'attacher, pour ne plus souffrir. Malheureusement, on n'est pas toujours maître de ses sentiments.

La journée n'avait pas été de tout repos. Même si nous avions passé plus de temps à rassurer les familles qu'autre chose. Ce que je détestais au plus haut point et ce qui me mettait de très mauvaise humeur à force de me contenir et de faire dans la finesse. Ce n'était pas vraiment mon truc, la finesse et la délicatesse quand des chiants viennent demander toutes les cinq minutes s'il va s'en sortir ou s'il est condamné. Parfois, je délire seule en disant qu'il est condamné et en disant par après que je lui ai sauvé la vie. Là au moins, j'ai l'impression d'être un héros, ça me change des pleurnichement et compagnie. Je suis chaleureusement remercier. Et j'adore ça, me sentir puissant. Il était tard à présent. Seulement, aujourd'hui, c'était mon tour de garde, il fallait que je reste également de nuit, comme si je n'avais pas assez travailler de la journée. Bref, ça m'évitait de voir ma femme. C'était plutôt tendu à la maison depuis que l'autre débile avait rappliqué à Montréal. Je la hais. En entrant dans la salle de garde, j'allumai la lumière et m'aperçut qu'elle était là, allongée, ou presque, dans ce qui ressemblait à un lit de camp. Deux mois qu'elle m'évitait, aujourd'hui, elle ne pourrait plus. « C'est occupé. Reviens plus tard. ». Je souris ironiquement. « Je suis de garde poupée, va falloir t'accommoder de ma présence ! ». Je me dirigeai vers la machine à café, j'en avais bien besoin si je voulais encore tenir debout toute la nuit. Je pris un café noir sans sucre, bien corsé, histoire d'avoir une bonne dose de caféine dans les veines. J'attendis patiemment que le gobelet blanc se remplissent. Je ne prêtai pas attention à mademoiselle faisant comme si elle n'était pas là. Puis d'un coup je me retournai pour l'observée. « T'as des cernes jusque par terre, c'est pas beau à voir, à ta place je ferais quelque chose avant de ressembler à un mort vivant. ». Un sourire fier et ironique s'affichait sur mes lèvres. Intérieurement, je me disais : bordel, qu'est ce qu'elle est belle...

Essayer de l'éviter n'était pas une chose facile à faire. Roxane avait la malheureuse impression qu'il était partout. Qu'à chaque endroit où elle se trouvait, il y était aussi. Peut être parce qu'il l'omnibulait ? Peut être parce que derrière toute cette haine, toute cette rancœur, elle n'avait jamais cessé de penser à lui. Alors quand elle le vit entrer dans cette foutue salle de garde, toutes ses tentatives s'étaient réduis à néant. Elle ne pouvait plus faire comme si elle ne l'avait pas vu, cette fois. Elle devait affronter la réalité en face, supporter cette douloureuse sensation que de le revoir après un an loin de lui. Faire comme si rien ne pouvait la toucher, à ce moment-même. « Je suis de garde poupée, va falloir t'accommoder de ma présence ! » Elle se mit à soupirer d'un air las, supportant mal le fait de devoir supporter sa présence. Roxane resta immobile, suivant du regard Neven qui allait se servir un café. « T'as des cernes jusque par terre, c'est pas beau à voir, à ta place je ferais quelque chose avant de ressembler à un mort vivant. » Apparemment, il n'avait toujours pas changé. Toujours aussi immature dans ses propos, toujours ce même sourire ironique. La seule chose qui avait changé en lui, c'est qu'il ne s'adressait plus de la même manière à Roxane. Il s'adressait à elle comme à quelqu'un qu'il détestait. Et ça en était presque irritant. Presque. Elle leva les yeux au ciel, l'air de dire 'mais quel con celui-là', avant de glisser une main sur son cou, ressentant une légère douleur due à la fatigue omniprésente. « Je me contrefiche de ce que tu penses. Donne moi un café serré, plutôt. »

Roxane n'aurait jamais pensé, ce matin, se retrouver devant Neven, dans une salle de garde, les volets fermés et seule la lumière pour les éclairer. Surtout que se retrouver avec le mari de sa soeur, ancien amant, n'était pas la meilleure chose pour elle. Ni pour personne, d'ailleurs. Honnêtement, qui voudrait se retrouver nez-à-nez avec quelqu'un que l'on aime toujours aussi éperdument -même si on ne veut pas se l'avouer- mais qu'on déteste tout autant ? Personne, c'est bien ce que je dis. « Alors, comment va ma chère soeur ? » S'il voulait jouer, Roxane ne se gênerait pas. Rien que cette question était bourrée de reproches. Elle ne put pas s'empêcher de sourire. Un sourire presque ironique, qui fut suspendu à ses lèvres pendant quelques secondes, avant de retrouver cette mine rancunière, froide, mais toujours aussi douce malgré tout. On ne peut pas tout changer, malheureusement.

Cela faisait longtemps que je ne l'avais plus regardée de prêt. Ses traits m'avaient manqué, ils avaient commencé à devenir flous dans ma tête. Comme s'ils avaient commencer à s'effacer avec le temps. Je ne le regrettai pas, j'aurais même voulu qu'ils continuent à disparaître dans ma mémoire volatile, du moins pour ces choses là. Cependant, sa présence ici, dans MON hôpital avait ranimé les souvenirs que je tentais d'enfouir, de terrer à jamais dans un coin de ma tête. Encore une fois, j'eus des envies de meurtre. En revenant,... Je ne sais pas ce qu'elle cherchait à vrai dire et ça à le don de m'exaspérer. Depuis que j'ai été raconté à Jezabel qu'elle était revenue, elle devient hystérique. Elle me surveille constamment et m'appelle souvent pour vérifier que je ne suis pas essouffler. J'ai beau lui dire qu'il n'y a plus de risque étant donné que maintenant, officiellement, je la déteste, elle ne me fait plus confiance. Et honnêtement je la comprends. En pensant à cela, je serra tellement fort mon gobelet de café qu'il éclata entre mes mains. Et merde, j'en eu partout sur ma blouse blanche. « Je me contrefiche de ce que tu penses. Donne moi un café serré, plutôt. » Je répondis du tac au tac, énervé à cause de ce putain de café. « Lève-toi et marche ! Je suis pas ton boy. ». Je pris des serviettes se trouvant à côté de la machine à café et commençai à éponger ma blouse de travail. Voyant que ça ne servait strictement à rien, je pris celle que quelqu'un avait laissée sur le dossier d'une chaise et la mit pour ensuite la remplacée par celle tachée. Ça ferait l'affaire... « Alors, comment va ma chère soeur ? ». Son ton était peut-être plein de reproche, je fis comme si je n'avais pas perçu l'ironie de la situation. « Certainement mieux que toi ma chérie. Ce qui est sur en tout cas, c'est qu'elle ne demande pas après toi ! ». Je m'assis finalement sur une chaise, un nouveau café à la main, le sirotant lentement parce qu'il était bouillant.

Il avait l'air si énervé par la présence de Roxane qu'il en fit écraser son gobelet. Tiens, mince alors. A ce geste assez brutal, la jeune femme n'oscilla pas. Immobile, son seul geste fut de se mordiller légèrement la lèvre inférieure, l'air moqueur. S'il ne voulait pas montrer son agacement, c'était raté, Roxane l'avait bien vite remarqué, et pas qu'un peu. Et elle était drôlement fière, finalement. Bah oui, le rendre dingue et l'énerver jusqu'au bout, c'était son but, maintenant. A quoi bon jouer la douce Roxane d'avant ? Elle avait changé, comme lui avait changé. Finis la douceur du passé. C'était la guerre. La guerre des sentiments, aussi. « Lève-toi et marche ! Je suis pas ton boy. » La jolie brune finit par soupirer, assez fort pour qu'il l'entende. Agacée par son immaturité, elle se leva, passa devant Neven non sans l'effleurer, et se servit un café des plus corcés. Elle en avait bien besoin, vu ce qu'elle endurait, là, maintenant, tout de suite. Quand Roxane se retourna, appuyée sur la petite table où la machine à café était posée, Neven était en face. Il avait changé sa blouse pour en remettre une autre. Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres. « Tu sais plus boire mon ange ? Besoin d'un bavoir ? » Puis elle se redressa, s'approcha du jeune homme jusqu'à ce que ses lèvres soient à quelques centimètres de l'oreille droite de Neven. « Ou alors, ça n'a pas changé. Je te rends toujours aussi dingue. » Mettre ses sentiments de côté et jouer le jeu était sûrement la meilleure chose à faire. Roxy finit par s'asseoir à sa place, c'est-à-dire sur le lit, les jambes se balançant de droite à gauche dans le vide.

« Certainement mieux que toi ma chérie. Ce qui est sur en tout cas, c'est qu'elle ne demande pas après toi ! » Roxane se mit à rire. Un léger rire, sarcastique mais cristallin. « Je suis sûre qu'elle pense toujours à moi. La peur au ventre, l'angoisse que je revienne un jour. Et bien, tadam, me voilà ! Enfin... Je suppose qu'elle est déjà au courant. » L'air lassé, Roxane glissa une main dans ses cheveux, puis croisa ses mains, ne lâchant pas des yeux le beau visage de Neven. Dieu qu'il était beau.

Jezabel, elle, Jezabel, elle. Le choix avait été vite fait pour le plus grand mal de Roxie, cette pensée me fit sourire. Car en cet instant, la seule chose dont j'avais envie : c'était de la faire souffrir, oh oui, de faire éclater son petit cœur en mille morceau, encore une fois. Lui faire comprendre à quel point ca avait été une vraie torture pour moi même si plutôt mourir que de lui dire. L'heure n'était plus à l'amour mais à la haine. Depuis quand avoue-t-on à son ennemi juré qu'on l'aime en secret ? En tout cas, j'ai jamais vu Batman dire au Joker : je t'aime tu sais. Il en serait ainsi, je serais le Joker sans le sourire maléfique mais avec les intentions. « Tu sais plus boire mon ange ? Besoin d'un bavoir ? ». Je ris, amusé par sa remarque mais ne répondit point. Lorsqu'elle se dirigea vers moi, j'eus un mouvement de recule, comme un réflexe et affichait une mine dégoutée. « Ou alors, ça n'a pas changé. Je te rends toujours aussi dingue. ». Je ris de plus belle, moi, dingue d'elle ? « C'est beau de rêver. La seule chose que j'éprouve pour toi, c'est du mépris. D'ailleurs, tu ne m'as jamais rendu dingue. Disons qu'autre fois, tu m'attirais physiquement, c'est légèrement différent... Tu as grossis, non ? ». Rien de tout cela n'était vrai et elle n'avait surement pas grossis. Seulement, ce sont les choses qu'une fille déteste entendre. J'avais envie de la massacrer, de la découper en morceau, de la faire rôtir et de faire manger ses cendres à des cannibales. Ou pire, la faire manger par un cannibale puis effacer les preuves. Ou alors de simplement la tuer et de lui arracher son putain de cœur. « Je suis sûre qu'elle pense toujours à moi. La peur au ventre, l'angoisse que je revienne un jour. Et bien, tadam, me voilà ! Enfin... Je suppose qu'elle est déjà au courant. ». Elle n'était plus comme avant, elle n'était plus la Roxie avec qui je passais de bons moments. C'était devenu une garce méprisable. Je ne voyais pas pourquoi la ménagée. « Faut arrêter de croire au père noël, elle se fout éperdument de ta gueule. Tout comme moi d'ailleurs. Personne ne t'attendais comme le Messie ! Si demain tu crève, je chante Alléluia sur tous les toits en dansant la macarena. » Je souris ironiquement, fier de moi, tout en la regardant passer sa main dans ses cheveux. J'avais tellement envie de la prendre dans mes bras. Tellement envie de la serrée encore une fois, de sentir son odeur, d'enfouir ma tête dans ses cheveux soyeux. Je lui en voulais de m'avoir ignorer, je lui en voulais d'être partie lâchement. Je hais l'hypocrisie et les gens qui fuient parce qu'ils n'ont pas le courage d'affronter la réalité. Je la haïssais pour ça, pour ce qu'elle m'avait fait injustement.

« C'est beau de rêver. La seule chose que j'éprouve pour toi, c'est du mépris. D'ailleurs, tu ne m'as jamais rendu dingue. Disons qu'autre fois, tu m'attirais physiquement, c'est légèrement différent... Tu as grossis, non ? » Du mépris ? Roxane haussa un sourcil, l'air intrigué par ces paroles. Tiens, tiens, il se réveillait ? Fallait-il qu'elle lui parle d'avant pour qu'il s'énerve ? Apparemment oui. Et même si les paroles de Neven la blessaient au fond d'elle, même si chaque mot qu'il pouvait prononcer avait le don de la détruire à petit feu, son regard n'était jamais devenu aussi noir, aussi haineux. Digne d'une garce. Digne du mauvais côté de Roxane. Et de toute manière, avec lui, elle n'avait rien à perdre. Il ne l'aimait plus. Alors qu'il puisse penser n'importe quoi d'elle, ça lui était parfaitement égale. Face à sa question sur son poids, c'est la seule chose qui retint réellement son attention. Elle ? Grossis ? Sûrement pas ! Merde, il la connaissait que trop bien pour savoir que la titiller sur son poids était la dernière chose à faire. Elle était beaucoup trop pointilleuse pour ça ! « Oh... Je vois. Tu ne t'es toujours pas remis de mon départ brutal ? Il va falloir passer à autre chose, chéri. Tourner la page, ne plus y penser... Tu comprends ? Cesse de te torturer l'esprit, je t'en prie. » Et toujours ce petit sourire ironique aux lèvres, l'air de dire 'au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je me fous ouvertement de ta gueule'. Roxane avait tellement envie de le gifler. De le mettre par terre, de lui foutre des coups de pieds, de leur frapper, de marcher dessus, limite de lui cracher au visage. C'était assez violent, quand même, toute cette haine. Mais pour la première fois depuis un an, Roxane se sentait vraiment vivre. Parce qu'il était là, devant elle. Parce qu'elle entendait le son de sa voix, aussi haineuse soit-elle. Et malgré touts leurs reproches, tout le mépris qu'ils pouvaient dégager, Roxane se sentait en vie. Elle se sentait vivre, exister. Parce que s'il la dégoûter si bien qu'il pouvait le prétendre, il ne serait pas là, à lui cracher des propos méprisants au visage.

« Faut arrêter de croire au père noël, elle se fout éperdument de ta gueule. Tout comme moi d'ailleurs. Personne ne t'attendais comme le Messie ! Si demain tu crève, je chante Alléluia sur tous les toits en dansant la macarena. » Elle ne put s'empêcher de rire, une nouvelle fois, tandis qu'il débitait tout ce qu'il avait à dire. « Wooow, bravo, super réplique, t'as trouvé ça où ? Sur Google ?! J'en ai strictement plus rien à foutre de ce que tu penses de moi ! Que tu sois là ou pas, ça m'est égale. Tu n'es pas le centre du monde, Middleton, ni toi, ni ta foutue femme ! Je ne suis pas revenue pour toi ! Je ne suis pas revenue pour tes beaux yeux, pauvre type ! » Ça y'est. Roxane Hawkins avait explosé. Elle avait balancé des tas d'horreurs. Elle n'en pensait pas un mot. Il était toujours son centre de gravité. Il lui manquait, elle était en partie revenue pour lui, ce qu'il pensait d'elle l'importait grandement. Aucune larme, aucun sanglot. Rien. Elle était froide, haineuse et détestable. Luttant contre l'envie de le serrer contre elle. Contre l'envie de goûter de nouveau à ses lèvres.

J'avais démontrer à mainte reprise que j'étais capable du pire comme du meilleur. Simplement, elle faisait ressortir le pire côté qu'il y avait en moi, celui qui ne se dévoilait pas, celui qui se saoulait dans les bars, celui qui draguait ouvertement tout le monde et enfin celui qui ne mâchait pas ses mots face à ses ennemis, qui les blessait au plus haut point. Qui n'hésitait pas non plus à les harceler jusqu'à ce qu'ils pleurent dans les jupes de leur mère. Roxie était mon ennemie du jour et elle était plutôt coriace même si je connaissais ses limites, même si je savais qu'elle craquerait à un moment ou à un autre. J'étais certainement plus coriace qu'elle, ma carapace était renforcée en béton armé, pour la percée, il fallait désormais s'appeler Jezabel. J'avais occulter toute autre personne depuis que Roxie m'avait laissée tomber, j'étais redevenu le connard que je pouvais être autrefois et ce n'était pas prêt de changer. Elle m'implorerait à genoux que je ne fléchirait pas. Je suis rancunier, amer et noir et rien ne me fera renoncer, rien, même pas des larmes. « Oh... Je vois. Tu ne t'es toujours pas remis de mon départ brutal ? Il va falloir passer à autre chose, chéri. Tourner la page, ne plus y penser... Tu comprends ? Cesse de te torturer l'esprit, je t'en prie. ». Je ne pus m'empêcher de sourire, amuser par sa réplique « Quoi, t'es vexée parce que j'ai dis que t'avais grossit ? Pourtant, c'est la vérité chérie, va falloir l'admettre, tu ne peux pas rester mince indéfiniment ! Mademoiselle fait son caca nerveux ? Je comprends pourquoi tu travaille en pédiatrie... ». Ces répliques ne m'atteignaient pas, j'avais forgé un rempart autour de mes sentiments, ils ne pouvaient plus s'exprimer à présent. Seul la haine et le mépris restaient présent en cet instant. « Wooow, bravo, super réplique, t'as trouvé ça où ? Sur Google ?! J'en ai strictement plus rien à foutre de ce que tu penses de moi ! Que tu sois là ou pas, ça m'est égale. Tu n'es pas le centre du monde, Middleton, ni toi, ni ta foutue femme ! Je ne suis pas revenue pour toi ! Je ne suis pas revenue pour tes beaux yeux, pauvre type ! » Je ris, elle était en train de péter un câble, exactement comme je le souhaitais. Je me levai de ma chaise et m'approchait d'elle et m'assit à côté d'elle. Si proche que nos hanches se touchaient et que je pouvais sentir son odeur. Je caressais sa joue d'un geste attendrissant, affichant un sourire moqueur sur mon visage. « Je te rappelle que c'est toi qui a commencé avec ta sœur, je n'ai pas parler d'elle de mon plein gré. Arrête ton baratin chérie, je sais très bien que c'est pour moi que tu es revenue, ça crève les yeux ! Sinon pourquoi m'aurais-tu évité tout ce temps ? ». Je laissai retomber ma main sur mes genoux tout en la regardant, essayant de capter une once de sentiment traversant ses yeux. J'étais persuadée qu'elle m'aimait encore, sinon, pourquoi être revenue, pourquoi dans MON hôpital, pourquoi m'ignorer délibérément ?

« Quoi, t'es vexée parce que j'ai dis que t'avais grossit ? Pourtant, c'est la vérité chérie, va falloir l'admettre, tu ne peux pas rester mince indéfiniment ! Mademoiselle fait son caca nerveux ? Je comprends pourquoi tu travaille en pédiatrie... » Pauvre con. Sous-merde. Connard. Je te déteste. Va en enfer. « Arrête tes conneries, Neven, que je sois mince ou grosse, tu auras toujours cette irrésistible envie de me mettre dans ton lit. Ça a toujours été comme ça, ne l'oublie pas. Le mari infidèle et fou amoureux de la soeur. Comme c'est mignon ! » Roxane se mit à soupirer, l'air lassé au visage. Il l'ennuyait. Au lieu de pouvoir dormir tranquillement et reprendre son service une heure après, il avait fallu que ce con se pointe et se décide à l'emmerder jusqu'au bout. Malheureusement pour lui, Roxane avait bien changé. Elle était tellement tenace et rancunière que rien ne pourrait la faire changer d'avis. Si quelqu'un devait perdre, c'était bien lui. Pas elle. Alors ça, non. Roxane ne lui offrirait jamais ce privilège.

« Je te rappelle que c'est toi qui a commencé avec ta sœur, je n'ai pas parler d'elle de mon plein gré. Arrête ton baratin chérie, je sais très bien que c'est pour moi que tu es revenue, ça crève les yeux ! Sinon pourquoi m'aurais-tu évité tout ce temps ? » Il s'était assis à côté d'elle, et sa main avait effleuré sa joue. Roxane se mit à sourire, moqueuse, tandis qu'elle retirait lentement la main de Neven pour la déposer sur sa cuisse à lui. « Mon pauvre chéri, regarde la vérité en face : je ne t'aime pas. Tu es l'horreur incarné. Non mais, c'est vrai, qu'est-ce que j'ai bien pu fricoter avec un gars comme toi... » Dénué d'expressions, son visage ne laissait rien paraître. Seul le sarcasme et l'ironie. Sa voix était pourtant douce, fluette, comme pour l'énerver. « Rends toi à l'évidence, tu n'es pas le seul homme de la Terre avec qui j'ai fricoté un petit moment avant de fuir. Si je t'ai évité, c'est dans l'unique but de ne pas te faire de la peine. C'est tellement dur de te voir triste... » Et à son tour, elle déposa sa main sur sa joue, en une légère tape presque amicale, comme pour lui remonter le moral, le sourire moqueur aux lèvres.

Spoiler:

« Arrête tes conneries, Neven, que je sois mince ou grosse, tu auras toujours cette irrésistible envie de me mettre dans ton lit. Ça a toujours été comme ça, ne l'oublie pas. Le mari infidèle et fou amoureux de la soeur. Comme c'est mignon ! » Je ris. « Tu te crois irrésistible à ce point-là ? Laisse-moi rire. Lequel d'entre-nous à pleurer pour l'autre, hein ? Roxie. Tu veux que je te rapelle la scène de l'aéroport ou elle te revient en mémoire ? ». Je m'amusais, pour une fois mon tour de garde était loin d'être ennuyeux, j'avais rêvé de régler mes comptes avec Roxane depuis bien longtemps et, enfin, par le plus grand des hasards, l'occasion se présentait. Je n'avais nullement l'intention de lâcher l'affaire. Premièrement parce que j'étais très mauvais perdant et deuxièmement parce que je n'ai pas de pitié pour ceux qui m'emmerdent royalement. Cette conversation aurait pu durer des heures que ça ne m'aurait pas gêner, je pourrais ne plus avoir de salive, être à la limite de plus savoir parler, tombant de fatigue, je m'amuserais à l'ennuyer coute que coute. Mon but premier avait été de l'empêcher de dormir, paris tenu. Je ne pus m'empêcher de sourire d'un air moqueur, de vainqueur. Elle ne savait pas ce que j'avais dans la tête et ce même si elle me connaissait que trop bien... C'était là un de mes plus grands avantages. L'ennui était que je ne savais pas ce qu'il y avait dans la sienne... Nous étions à égalité. « Mon pauvre chéri, regarde la vérité en face : je ne t'aime pas. Tu es l'horreur incarné. Non mais, c'est vrai, qu'est-ce que j'ai bien pu fricoter avec un gars comme toi... ». Je souris à nouveau. « Ne t'inquiète pas, on est deux à éprouver ce sentiment, mon pote ! ». Sur ce, je lui assignais une tape dans le dos comme on le fait entre mec. J'étais déçu de ne pas avoir aperçu ce que j'aurais voulu voir dans ses yeux. « Rends toi à l'évidence, tu n'es pas le seul homme de la Terre avec qui j'ai fricoté un petit moment avant de fuir. Si je t'ai évité, c'est dans l'unique but de ne pas te faire de la peine. C'est tellement dur de te voir triste... ». Je fus pris d'un fou rire. Puis, elle posa sa main sur son visage. Etait-elle folle ? « Ne me touche pas ! ». J'attrapai sa main et la tordit violemment, d'un coup, sans prévenir. Je la regardais à présent avec la furieuse envie d'aller chercher un bistouri dans une des salles d'opération et de lui sectionner l'artère passant par son coup afin de la regarder se vider de son sang. Je relâchai la pression et me levai pour éviter de faire une connerie. « J'ai une question à te poser ma jolie... »

« Tu te crois irrésistible à ce point-là ? Laisse-moi rire. Lequel d'entre-nous à pleurer pour l'autre, hein ? Roxie. Tu veux que je te rapelle la scène de l'aéroport ou elle te revient en mémoire ? » Leur rancune et leur haine allaient surement assez trop loin. Mais Roxane était tellement haineuse envers Neven que rien ne pourrait l'empêcher de jouer à ce petit jeu. D'ailleurs, s'était-elle imaginée, dans ses bras, il y a un an, pouvoir ressentir autant de haine à présent ? C'était inimaginable. Elle l'aimait tellement. Seulement voilà, l'amour passionnel n'avait jamais disparu, mais la rancune avait été si éteinte durant son séjour à Venise qu'elle pouvait finalement explosée, ici, dans cette foutue salle de garde. Il était clair que chaque mot que pouvait prononcer Neven lui donnait encore plus de dégoût, de mépris à son égard. Ça aurait été si simple de s'ignorer et de faire semblant de ne s'être jamais rencontrés. « Chaque parole qu'on s'est dis, chaque moment passé ensembles, ne fait plus partis de ma mémoire. Tu n'existes plus pour moi. » Roxane avait articulé chaque mot, de cette voix sèche, plus glaciale que jamais. Si elle pensait tout ce qu'elle lui crachait à la figure ? Elle ne le savait même plus. C'était tellement embrouillé, maintenant. Il y a quelques minutes, elle avait cette envie de le serrer contre elle. Mais la méchanceté et la haine devenaient de plus en plus intenses, et à présent, Roxie n'avait qu'un désir: lui foutre une de ces gifles. Elle avait toujours été douée pour ce genre de choses. Mais Neven n'y avait malheureusement pas goûté, une seule fois. Pourtant, chaque garçon qu'elle avait giflé s'en souvenait. « Ne t'inquiète pas, on est deux à éprouver ce sentiment, mon pote ! » Et comme à un vieux copain qu'on n'a pas vu depuis des années, il se mit à lui tapoter le dos. Elle avança son buste pour éviter ce genre de choses, la bouche entrouverte, dévoilant ses jolies dents blanches.

En le titillant, Roxane eut le malheureux et fâcheux geste à ne pas faire: lui tapoter à son tour la joue. Ohlala. Neven réagit si violemment qu'elle en fut presque déboussolée. Lui tournant la main violemment, il semblait presque fou de rage, alors qu'il se leva, sûrement pour ne pas aller trop loin. Les yeux grands ouvertes, elle le fixait d'un air ébahis. Comment pouvait-il aller si loin ? Comment pouvait-il lui faire du mal, physiquement. Moralement, c'était déjà une chose. Et Roxane avait un réel mépris pour les hommes qui font du mal aux femmes. La jeune femme grimaça tandis qu'elle rapportait son poignet contre elle, le tournant légèrement. « T'es complètement taré, ma parole ! Faut te faire soigner si t'as des problèmes ! » « J'ai une question à te poser ma jolie... » Elle finit par lever les yeux vers lui, le regard glacial et interrogateur.

« Chaque parole qu'on s'est dis, chaque moment passé ensembles, ne fait plus partis de ma mémoire. Tu n'existes plus pour moi. ». Je roulais des yeux en tournant la tête, encore une connerie. Je savais qu'elle n'avait rien oublier du tout. Ca lui était impossible comme ça l'était pour moi. Je me souvenais de chaque instants passés avec elle. J'avais bien tenter de les oublier lorsqu'elle avait lâchement fuit mais depuis qu'elle est revenue, il y a deux mois, j'ai comme des flashback, des moments où je rêve littéralement, où je me remémore le passé. Je déteste ces moments et je n'arrive pas à les contrôler, j'ignore pourquoi ils refont surface tout d'un coup. C'était comme si elle me hantait. Ou du moins, comme si son souvenir me hantait. Elle avait changé à présent, je le remarquais dans ses paroles, dans sa façon de réagir. Elle n'était plus la Roxane que j'avais aimée. Dés à présent, je ne pouvais plus m'empêcher de la regarder comme on regarde un monstre ou un espèce d'alien. « Désolé chérie mais tu ne sais pas mentir. ». Tu n'existe plus pour moi, c'est ce qui avait été le plus blessant pour moi même si je ne le laissais absolument pas transparaître. J'avais le regard froid, le ton désagréable, sec. Si ce qu'elle disait était vrai, elle s'en foutrait royalement de ce que je pouvais lui balancer à la figure. Hors, ce n'était absolument pas le cas, elle réagissait à chacune de mes paroles, se défendant comme si elle ne voulait pas admettre une certaine vérité. « T'es complètement taré, ma parole ! Faut te faire soigner si t'as des problèmes ! ». Me faire soigner, c'est le comble pour un médecin. Je ris intérieurement et souris en même temps. Mon regard tomba sur mon alliance. Je l'enlevai et commença à la regardée. « C'est toi mon problème Roxie. Alors à moins de te tuer, tu seras toujours là. ». J'étais de dos, je me retournai pour lui faire face, pour la regarder. Je jouais toujours, l'alliance entre mes mains, baissant la tête pour la regarder. « J'aimerais que tu y réponde sincèrement. Pourquoi, pourquoi es-tu revenue ? Hein ? T'en as pas marre de faire souffrir ta sœur ? ». Je n'avais plus envie de jouer, j'avais envie d'avoir des réponses à mes interrogations. J'en avais marre de tourner en boucle ses questions dans ma tête, elles me rendaient obsédé, fou et désagréable. J'étais devenu comme un chien méchant, prêt à bondir au moindre signe de faiblesse ou au moindre signe d'agressivite. « Je n'ai plus envie de jouer. ». Je tripotait toujours cette alliance.

« Désolé chérie mais tu ne sais pas mentir. » Elle le savait, ces derniers mots l'avaient blessé, comme il avait pu la blesser en lui balançant des horreurs à son égard. Puis la tension se relâcha. Doucement. Lentement. Sans que Roxane puisse le remarquer. Elle avait toujours cette nervosité qui bouillait en elle, prête à bondir à nouveau sitôt qu'il lui dirait quelque chose de désagréable. « C'est toi mon problème Roxie. Alors à moins de te tuer, tu seras toujours là. » Il lui tournait le dos, et sa voix était toujours aussi sèche. Mais ce qu'il venait de lui dire était la chose la plus horrible de toutes. Les paroles de trop. Roxane se crispa, serra ses mains contre elle et se mit à soupirer. Quoi lui répondre ? A part 'excuse moi d'être en vie'. Ou alors 'bah vas-y, tue moi, au moins j'te foutrais la paix'. Rien ne sortait de sa jolie bouche. Elle se mordillait la lèvre inférieure, impassible. Pour la première fois depuis leur règlement de compte, Roxane ne répliquait pas. Elle se contentait de réfléchir. « J'aimerais que tu y réponde sincèrement. Pourquoi, pourquoi es-tu revenue ? Hein ? T'en as pas marre de faire souffrir ta sœur ? » Neven venait de se retourner. Tandis qu'il la regardait, elle, elle ne cessait de fixer cette bague qu'il avait retiré, la suivant du regard tandis qu'il la faisait tourner autour de son doigt. Était-il sincère ? Ne jouait-il plus quand il lui posait cette question ? Fallait-elle qu'elle se méfie, ou pouvait-elle lui répondre sincèrement ? Auparavant, Roxane lui aurait répondu en larmes qu'elle l'aimait toujours, que chaque parcelle de son corps lui manquait. Qu'elle avait besoin de lui, autant qu'il ait besoin d'elle. Mais elle avait changé. Et, méfiante, elle finit par lui répondre, d'une voix dénuée d'émotions. « Je ne veux faire souffrir personne ! Je ne suis pas revenue pour toi, ni pour ma soeur. Je suis revenue pour ce que j'ai laissé ici, il y a un an. » Elle leva enfin les yeux vers lui, ne quittant pas son regard perçant et presque agressif. « Je n'ai plus envie de jouer. » « Ce n'est peut être pas un jeu, Neven... Peut être que c'est simplement une façon de tourner la page pour de bon. Après cette dispute, plus un mot, plus un regard. Comme si rien ne s'était passé entre nous. J'en ai assez. » Puis elle avait baissé les yeux, légèrement omnibulée par cette bague qu'il ne cessait de tourner autour de son doigt. « Je ne veux pas rendre ma soeur malheureuse, mais cette fois, je ne partirais plus. Je reste ici. Que ça te plaise ou non. »

« Je ne veux faire souffrir personne ! Je ne suis pas revenue pour toi, ni pour ma soeur. Je suis revenue pour ce que j'ai laissé ici, il y a un an. » . Qu'avait-elle pu laisser ici il y a un an ? Mis à part moi, elle n'avait pas abandonner grand chose... Peut-être Montréal ? Je fronçais les sourcils tout en la regardant fixement, je ne comprenais pas. Je finis par sourire, curieux de savoir ce qu'elle aurait à me répondre. « A part moi, je ne vois pas ce que tu as laissé ma belle. ». Je lui fis mon plus beau sourire en coin, la regardant d'un air moqueur. Je ne pouvais m'empêcher de l'ennuier, de la taquiner... Peut-être même de la tester. Après tout, si elle avait encore des sentiments pour moi, j'aurais souhaité le savoir. Pas parce que je comptais lui sauté dans les bras, non. Mais plus par amusement, curiosité. L'ennui c'est qu'elle devait savoir que si j'apprenais qu'elle m'aimait encore, je serais le plus infecte des hommes. Parce que je l'ennuierais jusqu'à ce qu'elle me haïsse plus qu'elle ne m'aime... Si ce n'était déjà pas le cas... Je ne désirais pas recommencer cette mascarade de gamin amoureux, je devais me contenter de ma femme. Pas dans le sens négatif du terme... Bien que ça dépende des jours ! « Ce n'est peut être pas un jeu, Neven... Peut être que c'est simplement une façon de tourner la page pour de bon. Après cette dispute, plus un mot, plus un regard. Comme si rien ne s'était passé entre nous. J'en ai assez. » « Assez de quoi Roxie, de me fuir ? De faire comme si rien n'avais jamais exister ? ». J'eus un bref rire, cela ne m'amusait pas. Je voulais l'oublier, certes. Mais je ne désirais pas effacer tous ces souvenirs de ma mémoire. Elle avait fait partie des moments heureux de ma vie et mis à part Jezabel, il n'y en avait pas eu des masses. J'étais heureux qu'elle ait fait un court chemin avec moi. Seulement maintenant, il était temps d'avancer. « Je ne veux pas rendre ma soeur malheureuse, mais cette fois, je ne partirais plus. Je reste ici. Que ça te plaise ou non. ». Je jouais toujours avec cette alliance. J'en ignorais la raison. Cette discussion faisait ressurgir des souvenirs, souvenirs pendant lesquelles j'hésitais à quitter ma femme pour Roxie. Seulement, la raison l'avait emporté, pour une fois, sur mon impulsivité. J'avais donc décidé de rester auprès de Jezabel et de ramer afin de regagner sa confiance. Au final, je pense que j'aimais les difficultés. Je la cherchais même. A tel point que j'en était tombé amoureux à deux reprises. Quel imbécile ! J'avais envie de tester une chose, juste une dernière fois. Et puis merde, je m'élançai vers elle et déposai un baiser sur ses lèvres. Puis je m'écartai presqu'instantanément. Je n'avais rien ressenti, l'aimais-je encore vraiment dans ce cas ?

« A part moi, je ne vois pas ce que tu as laissé ma belle. » Il avait raison. A part lui, elle n'avait rien eu de grandiose à Montréal. Sa famille ne vivait plus ici, elle avait perdu tout ses amis de vue... Il n'y avait plus que lui. Lui, et son incroyable ténacité à la faire chier jusqu'au bout, c'est évident. Durant une fraction de seconde, elle vint même à se demander pourquoi elle était revenue. Et puis elle se rappela du bonheur qu'elle avait ressenti quand elle était revenue sur ses terres natales, du fait qu'elle ait rencontré Milo, Alexander, Devon. Qu'elle ait retrouvé Cézanne, son meilleur ami, Maxime... « J'ai eu tort de partir. Il n'y a pas que toi qui a compté dans ma vie. » En fuyant, car c'était bel et bien le mot approprié, en Italie, elle s'était mise beaucoup de gens à dos. Notamment Neven qui lui en voulait toujours, apparemment. « Assez de quoi Roxie, de me fuir ? De faire comme si rien n'avais jamais exister ? » Roxane avala difficilement sa salive, avant de croiser les bras. « Exactement, j'en ai assez de te fuir ! De toute façon, qu'est-ce que ça change, tu es là, devant moi, et je ne ressens aucune once de culpabilité, de vulnérabilité, de regrets ou quelques conneries de ce genre ! Tu vois, c'est termi... » Neven la coupa pour déposer un baiser sur ses lèvres. Une multitude de frissons lui parcouru l'échine, son coeur explosa en miettes, mais elle ne fit mine de rien, impassible. Il s'était retiré si rapidement qu'elle n'avait même pas comprit le sens de ce geste. « A quoi tu joues, Neven ?! Ecoute, j'ai pas envie de subir tes expériences, je suis amoureuse de quelqu'un d'autre, et si tu veux tout savoir, je vais avoir un bébé ! Il va falloir que tu te mettes dans la tête que tu n'es pas le centre de mon monde ! » Ça avait été si vite. Durant toute cette conversation, elle n'avait pas pensé, ne serait-ce qu'une fois, à parler de Milo. Et là, c'était son coeur qui avait parlé, presque instantanément. Elle qui s'était promise de ne dire à personne qu'elle avait un polichinelle dans le tiroir, c'était trop tard. Mais au point où ils en étaient, une parole de plus, qu'est-ce que ça ferait ?!