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just you and me.
▬ Comme depuis qu'il était arrivé, il y a deux jours, Nohlàm alla voir son patient. Il était dans un état très critique après avoir eu un accident. Les chirurgiens avaient même dû lui faire une ablation d'un rein. Depuis l'opération, il était tombé dans le coma et avait très peu de chance de s'en sortir. Cependant, pour sa famille, il était encore beaucoup trop tôt pour renoncer et pour prendre la décision de le laisser partir pour de bon. Nohlàm comprenait tout à fait ce choix. En y réfléchissant, lui aussi aurait aimé avoir encore quelques heures auprès de lui, sa maman, décédée il y a deux mois. Il aurait aimé aussi pouvoir lui dire un dernier au revoir avant qu'elle ne parte. La famille du patient avant la chance de pouvoir lui faire ses adieux. Enfin, vu dans l'état où il est actuellement, on ne peut pas vraiment parler de chance. Relisant ses dernières notes à propos de ce patient, Nohlàm entra dans la chambre et se dirigea vers le jeune homme. C'est en relevant la tête qu'il aperçut une jolie jeune femme, assise près du lit et tenant la main du blessé.
« Oh bonjour madame0. Vous devez être sa femme. Je m'appelle Nohlàm, je suis l'infirmier qui veillera sur votre mari tout au long de son hospitalisation dans cet hôpital. » Il ne l'avait encore jamais vu. Ses parents rendaient visite à leur fils tous les jours mais, cette femme, c'était la première fois qu'elle venait.
« Bonjour infirmier. Hum, je ne suis pas sa femme, je suis seulement sa petite amie. Merci de vous occuper aussi bien de lui. » Ils se serrèrent la main tout en restant très distants l'un de l'autre. Dans son métier, Nohlàm avait appris à ne pas trop se rapprocher des patients et de la famille de ceux-ci. Bien sûr, certaines fois, des amitiés vraiment très fortes se formèrent mais d'autres fois, c'était des problèmes en pagaille qui pointaient le bout de leur nez.
« Ne me remerciez pas mademoiselle, c'est mon métier de prendre soin des autres. » Il ausculta le patient tout en lançant quelques regards discrets sur la blonde. Elle avait l'air plutôt inquiète et préoccupée.
« Infirmier, vous pensez qu'il n'y a vraiment plus aucun espoir pour lui ? » S'il y a bien une chose qu'il détestait dans son métier, c'était d'annoncer le décès de quelqu'un. Pour ce patient, cela n'était pas encore officiel mais, tout le monde dans le service savait que ce n'était plus qu'une question de jours, seulement le temps pour la famille de prendre la décision.
« Les chirurgiens ont fait un travail énorme et ont tenté par tous les moyens de le sortir de cet enfer mais, c'était déjà trop tard vous savez. Son cerveau ne répond plus et, je ne vais pas vous mentir, il y a peu de chance qu'il se réveille. Je suis vraiment désolé. » Il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme comme pour signaler sa tristesse pour elle. Il regarda une dernière fois le patient puis quitta la chambre, laissant les deux amoureux ensemble.
▬ Cela faisait maintenant bientôt un mois que le patient était toujours allongé sur son lit d'hôpital. Rien n'avait changé et son état ne s'était toujours pas arrangé. Mais, il y a quelques semaines, sa mère l'avait vu bouger un doigt. Malgré le fait que je lui ai expliqué que c'était un réflexe tout à fait normal, pour elle, c'était la sûreté qu'il allait se réveiller un jour. Voilà pourquoi elle ne voulait en aucun cas que son fils soit débranché. En clair, cela faisait donc un mois que Nohlàm suivait sans cesse le cas de ce patient. Comme tous les jours, il entra dans la chambre pour voir s'il n'y avait pas de complication.
« Oh bonjour Jordan, toujours en train de lire tes magazines de mode. » En un mois, il avait appris à connaître Jordan qui venait tous les jours voir son petit ami. Il sait qu'il n'avait pas le droit d'être aussi proche des patients mais, avec Jordan, le courant était tout de suite passé. Ils entretenaient maintenant une relation amicale très intéressante. Certaines fois, ils finissaient la journée à boire un verre au bar et à se raconter toute leurs vies.
« Bonjour Noh, toujours à me sortir des sarcasmes. » Nohlàm était impressionné face à l'amour que pouvait avoir Jordan envers son petit ami. Elle n'avait jamais cessé de garder l'espoir et venait tous les jours pour lui parler ou simplement lui tenir la main. Certaines fois, Nohlàm rêvait d'un amour aussi fort et aussi sincère et certaines fois, il s'imaginait auprès de Jordan. Bien sûr, ces rêves-là, jamais il n'en avait fait part à sa nouvelle amie. Il ne pouvait pas créer de problèmes aussi grands. Puis, il pouvait déjà s'estimer heureux de l'avoir à ses côtés. Elle était son rayon de soleil dans sa vie. Alors qu'il semblait sombrer totalement dans sa vie, Jordan l'aidait à mettre de la joie dans son quotidien. Chaque soir, il rentrait chez lui pour voir son père dans un sale état et sa petite soeur qui n'allait pas mieux. Avant de rencontrer Jordan, il avait peur pour leur futur, maintenant, il est beaucoup plus rassuré et pense qu'ils s'en sortiront tous les trois.
« Dis, tu finis à quelle heure ton service loulou ? » Leur relation était tellement unique qu'ils s'étaient donné de petits surnoms l'un à l'autre. Quand on les voyait, on aurait pu les prendre pour un vieux couple mais, seulement le mot "couple" serait suffisant pour Nohlàm.
« Je finis à 19 heures, on se donne rendez-vous à 20 heures au bar chouchou ? En attendant, je vais m'occuper des autres patients. Veilles-bien sur lui et à ce soir ma belle. » Il déposa un baiser sur le front de Jordan et s'en alla continuer sa journée de travail.