Le regard des autres me fait peur. Les enfants sont méchants face à la différence. Depuis que je me retrouve dans ce fauteuil roulant avec deux nouvelles jambes en plastique que je dois apprendre à faire fonctionner et un trou dans la gorge qui a pour conséquence de m’avoir endommagé ma voix. Je dois réapprendre à parler. Le seul coté positif c’est que depuis l’accident je suis devenus assez doué dans le langage du mime. Plus tard je pourrais peut être même en faire mon métier. Papa et maman me manquent beaucoup. Ce qui me fait bizarre c’est que je ne pourrais plus jamais leurs parler ni les serrer dans mes bras. Quand je ferme les yeux je ne me rappelle presque plus leurs voix. Je n’ai pas pleurer, peut être parce que je ne réalise pas vraiment. Je n’ai pas vu leurs corps ni les tombent. Des gens des services sociaux sont venus me chercher pour m’amener dans un autres pays. Dans une ville du nom de Montréal. J’ai peur, j’ai l’impression qu’ici tout le monde me regarde de travers. Comme si j’étais une nouvel espèce d’animal en extinction. Je viens de quitter un hôpital en Allemagne pour me retrouver dans un hall d’un hôpital à Montréal. L’ami de ma mère doit travaillé dans cet endroit. Ami dont je ne connais rien et que je ne suis pas certains de bien vouloir apprendre à connaître mais je n’ai pas trop le choix. Lui non plus n’a pas eut trop le choix. Papa il disait souvent que maman avait des amis dans le passé qui était assez bizarre au niveau relationnel. J’espère qu’il se trompait un peu. Les personnes des services sociaux viennent de me planté dans une espèce de salle d’attente. Un coup d’œil sur ma droite et sur ma gauche pour voir des personnes malades. Je dois être dans une espèce de zones de tris. J’enlève le frein de mon fauteuil et je comme à le faire roulé dans le couloir. Pour allez où ? Je ne sais pas là où mes roues m’emmèneront. Je me retrouve vers un escalier avec une rampe. J’arrête le fauteuil. Le rampe à l’air solide. Avoir deux prothèse à la place des jambes est vraiment handicapant surtout quand personne ne prends le temps de nous expliquer comment les faire fonctionner. Je suis de ma petite nature un garçon très persévérant quand j’ai quelques choses en tête je ne l’ai pas ailleurs. J’attrape la rampe avec mes deux mains afin d’avoir un appuis. Je me mets en position debout. J’ai l’impression d’être un pantin. Dans ma tête je ne cesse de me répéter

*je dois y arriver. Il faut que j’y arrive.*

C’est lentement très lentement que j’avance une jambe puis l’autre en restant toujours bien accrocher à la rampe de cet escalier. C’est ainsi que je descends une marche, puis une autre puis….

**Boum**

Par terre cinq marche plus bas. Comme tout enfant le réflexe c’est de mettre les mains en avant. C’est ce que j’ai fais en me réceptionnant sur ma main droite. Elle me fait mal mais comparer à la douleur et à la tristesse dans mon cœur elle n’est rien du tout. J’arrive à me redresser un peu et à aller me caler le dos à mi assit, mi allongé contre le mur pour éviter de gêner le passage si des gens ont besoins de monter ou descendre cet escalier.

Qui a dit que les études de médecine n'étaient pas fatigantes ? Qui a dit que les internes avaient la vie cool ? Personne surement non ? Normal lorsqu'on voit la vie qu'ils mènent ! Entre le travail et... Ba le travail, Alexander n'a que peu de temps pour lui, pour se reposer mais ça lui va, c'est fait pour lui finalement. La plupart de son temps il le passe à l'hôpital que ça soit son repas du midi comme du soir voire parfois de ses nuits. C'était un mode de vie qui lui plaisait bien que la vie du dehors lui manque parfois, mais rien ne veut un rendez-vous au café ou au bar du coin pour se resourcer, rire et rentrer avec les coloc'. Sur le coup, Alexander n'avait pas trop été pour d'avoir des colocataires. Il aimait trop sa tranquillité, son calme, son chez lui comme c'était. Mais il aimait aussi la compagnie et c'était l'occasion idéale. Lorsqu'il posa son annonce pour un ou deux colocataires à l'hôpital, jamais il n'aurait pensé en voir quatre débarquer. C'était impensable et pourtant c'était bien le cas. Soupirant face à cela, il ne se voyait pas dire non à deux d'entre eux et préférèrent tous les prendre. L'avantage est qu'il ne pourra jamais se sentir seul comme ça. Point positif de l'histoire. Point négatif... Il ne préfère pas y penser. Après tout il vit surement la plus belle des aventures, de partages. Cette situation il la voulait, il l'a donc eu.

Alexander travaillait déjà depuis plusieurs heures lorsqu'il décida de s'accorder une petite pause pour prendre un chocolat chaud dans l'un des distributeurs. Pour le coup, celui le plus proche était celui du rez-de-chaussée. Descendant donc les marches le sourire aux lèvres et de la détermination plein les yeux, Alexander ne remarqua que brièvement l'enfant non loin de lui. À vrai dire cet enfant il ne le remarqua vraiment que lorsqu'il revint vers les escaliers. Pourquoi était-il allongé là ? Regardant autour de lui le jeune blond repéra vite le fauteuil roulant et fit le lien. C'était surement l'enfant dont il avait entendu parler dans le service pédiatrie. L'enfant venant d'Allemagne suite à la mort de ses parents. Triste histoire. Jetant son gobelet vide dans la poubelle la plus proche, Alexander s'approcha de l'enfant, un sourire aux lèvres. « Salut toi, qu'est-ce que tu fais là, par terre et seul ? » Questionna t-il avec son sourire bienveillant scotché sur son visage. Voyant la mine de l'enfant, le regard préalablement porté sur son visage descendit jusqu'à sa gorge et là il comprit. Il ne pouvait pas parler. « Oh, je vois, attend. » Dit-il tout en farfouillant dans sa poche pour en sortir un calepin et un stylo. « Tiens. » Rajouta-t-il en lui tendant le calepin. Pour communiquer c'est toujours mieux d'écrire que de faire des gestes incroyables. Puis sans demander l'avis de l'enfant, Alexander l'attrapa afin de le porter jusqu'à son fauteuil roulant. « Tu t'appelles comment dis-moi ? » Questionna-t-il une nouvelle fois. Rien qu'en le regardant, il trouvait l'enfant courageux, bien plus que beaucoup d'enfants. Cet enfant silencieux et seul lui faisait mal au coeur et tant pis si son résident aller criser, il voulait l'aider, le connaître et pourquoi pas lui apprendre comment utiliser ces prothèses car à l'évidence ceci devait être un essai raté, sinon pourquoi il ne serait pas dans son fauteuil roulant ? CQFD comme on dirait!

Ce que je fais la par terre ? Si seulement cette questions m’étais posé il y a encore un mois j’aurais volontiers répondus avec un grand sourire qu’il m’avait pris l’envie de gober les mouche de plus bas mais cette humeur joyeuse est comme qui dirait un peu en sommeil depuis l’accident. Je n’ai pas envie de faire des effort pour répondre à des questions surtout à une blouse blanche inconnus même s’il a une tête sympas et qu’il a l’air gentil. Son regard se baisse il vient de remarquer la trace de la trachéotomie. Il sort de quoi écrire il me le tend. C’est doucement que j’attrape la calepin et le stylo. Ma main droite me fait mal je ne le montre pas je sert le calepin tout contre moi avec mon autre main au moment où je me sens soulevé du sol. Je n’aime pas quand on me porte de la sorte mais depuis l’accident je n’ai pas trop le choix. Me voilà à nouveau dans mon fauteuil. Je garde le calepin et le stylo tout contre moi ainsi que ma main droite. Essayer d’écrire avec ma main droite me fait peur, j’ai peur d’avoir encore plus mal que maintenant et je ne suis pas sur d’y arriver. Après un moment je me forces à ouvrir la bouche pour former plusieurs mots avec une voix lente, grave, éraillé et haché.

« Tombé..Veux Marcher..Pas rester dans fauteuil..Tobias.. »

Mon regard reste plongé dans celui de cet blouse blanche. Je ne le connais pas mais il semble assez simple et ne pas avoir trop la grosse tête. Le fait d’être différent des autres ne me réjouis vraiment pas des autres. Je ne connais personne ici dans cet endroit. J’ai peur. Cette peur que je n’arrive pas à maîtriser. De ma voix j’arrive à nouveau à former

« Peur ici…Connaît personne.. »

Ce qu'Alexander aime le moins dans son métier c'est indubitablement voir les enfants souffrir, seuls pour certains dans une chambre avec pour seule compagnie leurs peluches fétiches ou quelques infirmières. Ça lui faisait réellement mal au coeur d'assister à ces scènes-là ce qui paradoxalement fait de lui un futur résident en pédiatrie certain. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'il a le truc, qu'il sait parler aux enfants, les rassurer avant une grosse opération. Il sait rire avec eux, voir le meilleur d'eux sans s'arrêter sur leurs maladies. Car il le sait, ils ne veulent pas se faire plaindre, ils veulent avant tout se sentir normal, mais comment l'être dans un hôpital ?

Alors qu'Alexander venait de poser l'enfant dans sa chaise roulante, celui-ci venait de remarquer sa main droite légèrement enflée et les paroles saccadaient de Tobias lui fit comprendre pourquoi. Après tout il est normal de vouloir marcher, personne n'aime rester coincé dans un fauteuil roulant, encore moins un enfant. « Je vois » Murmura t-il sans perdre pour autant son sourire. Il ne voulait pas l'effrayer ou le braquer et les paroles qu'il sortait difficilement lui prouvait qu'il faisait bien d'agir ainsi. Être seul et perdu ne peut faire naître que la peur surtout chez un enfant de huit ans.« Je comprends, ça doit être difficile pour toi de te retrouver ici tout seul, mais on peut apprendre à se connaître si tu veux, tu te sentiras moins seul. » Dit-il avant de reprendre. « Et bien, moi je suis Alexander, Alexander Hudson. Et si tu le veux, je peux t'aider à marcher un peu. » Dit-il en lui tendant la main, comme pour lui prouver qu'il était sincère, qu'il voulait l'aider et lui apporter du réconfort dans ce lieu glauque pour bien des personnes.

Préalablement accroupi, Alexander se releva afin de pousser le fauteuil vers le dispensaire, afin de soigner cette main blessée. « Mais avant, il faut soigner ta main, ok ? » Demanda alors Alexander tout en poussant le fauteuil roulant. Au fond, il n'a jamais eu de contact avec les enfants avant de travailler. C'était inconnu pour lui tout ça et de se voir si à l'aise avec eux, si normal, avec une petite gêne oui mais qu'il arrive à surmonter, lui faisait bizarre. À croire qu'il se redécouvrait, encore. À croire que Zona avait raison. Mais pourtant, avec Tobias cela semblait différent. Comment parler à un enfant, tenter de lui remonter le moral lorsqu'il a perdu ses parents, ses repères, qu'il se trouve dans un autre pays et qui plus est sans ses jambes. Comment réussir à lui faire voir la vie d'un meilleur côté ? L'apaiser ? Il ne pouvait qu'avoir le coeur lourd en voyant ce petit garçon si malheureux. Son silence en disait long et personne ne pourrait remplir le vide dans son coeur tout comme le sien.

Apprendre à se connaître, à se faire des amis, apprendre à vivre en communauté avec d’autres êtres. Par notre nature les humains ont cette capacités en eux. C’est ce que papa disait souvent. Il disait que les enfants avait l’instinct d’aller vers les autres pour parler même de nature timide c’est ainsi qu’on le veuille ou non. Il s’appel Alexander Hudson. Il vient de le dire. Je suis sur que papa l’aurait aimé. Il vient de me proposer de m’aider à marcher un peu. Tout au moins à ré-apprendre car je sais très bien que je ne pourrais plus jouer au loup glacé avec d’autres enfants. Avec des prothèses courir c’est pas facile et je ne pense pas que c’est possible. Je ne suis pas de nature à laisser quelqu’un pousser mon fauteuil mais pour Alexander je fais un effort et je le laisse faire. Je ne suis pas du genre douillet mais depuis l’accident c’est comme si mon corps encaissait plus péniblement les chocs. Quand je tombe je me fais rapidement mal alors qu’avant quand j’avais encore mes jambes je pouvais tomber et me relever tout de suite après. J’arrive à former tout bas avec ma voix grave et haché


« Moi d’accord pour connaître toi.. »

Parler me fait mal c’est comme si on mettais plusieurs aiguille et qu’on les faisaient bouger au fur et à mesure. Je garde mes mains tout contre moi pour éviter de les laisser traîner vers les roues du fauteuil. Je ne tiens pas trop à me les coincés dedans il ne manquerait plus que ça. Je prononce à nouveau difficilement

« Dernière fois que…Blouse blanche…Regarder blessure sur moi..Moi réveillé après plus jambes.. Toi pas droit d’enlever morceau à moi sinon.. Sinon.. moi. après…….. faire très.. mal à………………………. toi.. »

au fur et à mesure que je parle ma voix devint de plus en plus grave pour enfin se terminer par une quinte de toux me faisant amener les mains vers la trace de la trachéotomie au niveau de mon cou.

Alexander n'est pas vraiment sûr qu'il sera un bon médecin un jour malgré les dire de son entourage. Il n'est pas sûr car il se connaît, son empathie, son envie d'aider, de partager la souffrance avec autrui le paralyse bien des fois, bien qu'il apprenne à prendre le dessus et passer outre. Mais tous les jours le jeune homme a peur de faire fausse route et tous les jours il rencontre quelqu'un de nouveau lui prouvant le contraire. Hier c'était Madame Silver, aujourd'hui c'est Tobias et demain ça sera surement une autre personne. C'était le cycle de la vie du jeune homme et abandonner si près du but serait du gâchis. Abandonner à la fac, ok c'est compréhensible mais lorsque l'on est interne, lorsque l'on caresse du bout des doigts notre rêve, pourquoi vouloir abandonner ? Poussant doucement le fauteuil afin de prendre son temps, profiter de l'enfant et parler bien que cela soit difficile, Alexander ne put s'empêcher de sourire en entendant les paroles du jeune enfant. Il était d'accord pour qu'ils fassent connaissance, un bon point pour lui, un bon avancement. Il le sait que l'enfant à du mal à se socialiser. Dans les vestiaires il entend souvent parler de lui, mais le voir ainsi lui redonne espoir pour ce petit être. Il allait se reconstruire, Alexander l'aiderait à cela. « Merci d'accepter. » Dit simplement le blond avant de reprendre pour indiquer à Tobias qu'il fallait soigner cette main. Alexander savait que Tobias avait vécu des choses difficile mais il ne pensait pas que la réaction du jeune enfant serait si violente. Enfin façon de parler. Assez surpris qu'il puisse croire qu'il lui retirerait sa main, Alexander ne montra rien pour autant. En y réfléchissant plus, cette réaction était logique. Comment devrait réagir un enfant de huit ans lorsqu'il vient de perdre ses jambes? « Calme toi, tu devrais reposer ta voix, ce n'est pas bon de trop parler d'un coup, utilise le calepin à présent, à force tu vas la fatiguer et reparler comme avant serais plus long et difficile. » Dis Alexander en appuyant l'une de ses mains sur l'épaule du petit brun tout en tournant le fauteuil afin de passer une porte. « Écoute, je ne te retirerais pas ta main, je veux juste te la soigner. Tu as ma promesse et tu pourras voir tout ce que je fais, d'accord ? » Dit-il alors qu'il bloque le fauteuil et qu'il s'accroupissait en face de l'enfant. Non il ne voulait pas lui faire du mal et ça il devait le comprendre. « Tu me laisses la soigner alors ? » Questionna t-il en tendant la main face à Tobias tout en fixant le regard, rien que le regard azur de l'enfant.