« Bonjour maman, je suis venu te déposer des Lys. Je me rappelle que tu me disais que c'était tes fleurs préférées. J'espère qu'elles le sont encore. » Déposant le bouquet de fleur sur la plaque, il s'asseyait à même le sol devant la photo qui représentait sa mère. « Excuse papa de ne pas être venu, encore une fois. Tu sais, il souffre encore de ton départ. Ça ne fait que trois mois maman que tu es partie et depuis ton enterrement, il n'arrive plus à venir te voir. Mais moi, je sais qu'il pense à toi, qu'il t'aime toujours. Toi aussi, tu le sais qu'il ne t'oublies pas. » D'un revers de la main, il enleva la terre qui séjournait sur la tombe de sa défunte mère. Venir au cimetière pour parler à sa mère était devenu quotidien pour le jeune homme. De temps en temps, comme aujourd'hui, il lui rapportait des fleurs. Il choisissait particulièrement les lys puisque sa mère affectionnait énormément ces fleurs-là spécialement lorsqu'elle était encore en vie. Venir tous les jours était quelque chose de tout à fait normal pour lui, c'est comme s'il se levait le matin et voyait sa mère lui préparer le petit-déjeuner lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. Tous les jours, c'était le même rituel. Il arrivait, s'asseyait devant elle et lui raconter sa vie. Il lui parlait de son métier, des derniers patients qu'il avait vu et s'il avait réussi à les soigner. Il lui parlait aussi de sa vie plus personnelle, sa vie amoureuse qui était un échec puisque, suite à la mort de sa maman, son couple qui n'allait déjà pas bien a pris fin finissant même par un divorce. Avec son ex-femme, il avait partagé deux ans de vie commune. Il lui glissait deux mots sur les nouveaux espoirs qu'il avait en l'amour quand il croisait une certaine jeune femme ou encore, il s'excusait pour son père qui était meurtri dans son désespoir et qui n'arrivait toujours pas à se présenter face à sa femme. « Je ne comprends toujours pas pourquoi la vie t'as choisi pour faire face à ce dilemme. » Le décès de sa maman l'avait beaucoup touché mais, ce fut encore pire pour son père et sa petite soeur. Chez lui, le jeune homme avait recueilli les deux personnes, car il ne voulait en aucun cas les laissait seuls dans leurs tristesses. C'est seul qu'il portait sa famille à bout de bras, comme il l'avait toujours fait. Lors de l'annonce de la maladie de sa maman, sa famille était partie en ruine. Une sclérose en plaque, c'est à peine si Jàson arrivait à prononcer correctement ce nom alors le comprendre, c'était encore plus difficile. Pourtant, il a dû très vite prendre les rennes et s'occupait de la petite famille. Sa mère était de plus en plus atteinte, sa petite soeur se renfermait sur elle-même et n'a plus dit un mot pendant plus de trois mois et son père, il divaguait ici et là, ne sachant pas où la vie le mènera. Sa mère, il l'aimait et elle lui manquait tellement. Certaines fois, assis devant la photo de son visage, il se laissait porter vers ses souvenirs d'enfance. Jamais il ne se rappelait, une seule fois, avoir manqué d'attention après un cauchemar. Alors que Lysbonn, sa petite soeur et lui étaient gamins, ses parents n'avaient pas beaucoup d'argent. Mais, grâce à l'amour de ses deux parents, Nohlàm voyait, à travers ses petits yeux, un magnifique gâteau digne des plus grands pâtissiers au lieu d'un quatre-quart et des allumettes pour son anniversaire. Puis, la vie a continué et les deux adultes trouvèrent chacun un métier qui améliora, considérablement, leur condition de vie. Ils formaient la petite famille parfaite. Toujours souriante, Madeleine Baber-Lotz était une jeune maman très respectable. Dans le quartier, tout le monde la connaissait. Ainsi, lorsqu'elle annonça sa maladie, ce fut un choc pour tout le monde. D'abord dans le déni, Jàson a finalement accepté que la vie avait fait son choix. Ce fut à ce moment qu'il prit donc la décision d'arrêter ses études basées sur le basket. Sa mère était contre, car elle savait qu'il avait beaucoup trop de talent pour se gâcher mais il en décida autrement et commença des études d'infirmier. « Aujourd'hui, les bobcats de Charlotte ont gagné leur finale maman ! Tu aurais dû voir le match maman, j'avais l'impression qu'ils volaient. » Il ne regrettait pas son choix mais, continuait à rêver de porter un jour le maillot de la NBA. Un autre de ces rêves concerné l'amour. Il en parlait beaucoup à sa mère, car adolescent, elle avait été la première à le conseiller amoureusement. « Tu sais, je l'ai revu. La fille dont je t'ai parlé. Elle est venue à l'hôpital pour rendre visite à quelqu'un. Elle porte le doux prénom de Sohàne. C'est magnifique comme prénom, tu ne trouves pas ? » Il savait très bien qu'elle ne puisses pas répondre à ces questions mais certaines fois, il l'espérait tout de même. « Je sais que je ne suis divorcé seulement que depuis trois mois mais, tu m'as toujours dit de ne pas perdre espoir en la vie. » Son mariage n'avait duré que deux ans. La demande se passa très vite après leur rencontre, seulement cinq mois avaient passé. Ils se sont précipités dans leur relation sans même se donner le temps de se connaître, de s'apprécier, voir même de s'aimer. Au fond de lui, Nohlàm voulait vraiment faire de sa mère, une grand-mère avant que son âme ne quitte la terre ferme pour s'envoler vers d'autres cieux. Mais, à trop jouer avec le feu, on s'en brûle les ailes.