« Une vodka s’il vous plait. » Intriguée par la voix grave de cet homme, Sutton regarda d’un coup d’œil discret la personne se tenant à côté d’elle. Son visage lui était familier, cependant elle n’arrivait pas à mettre un nom dessus. L’homme remarqua l’attention que lui portait Sutton et sur son visage apparu un sourire. « Deux vodka finalement. » La jeune femme allait répliquer qu’elle n’avait pas soif mais elle n’eut à peine le temps de prononcer un mot que déjà la bouche de cet homme s’était ouverte. « Vous ne travaillez pas à l’hôpital ? » C’était ça, il y a deux semaines environ ce jeune homme était venu à l’hôpital où travaillait la jeune femme pour une facture du poignet, Sutton avait eu le temps de l’apercevoir avant un appel d'urgence en pédiatrie. « Si en effet, mais je ne suis pas de garde cette nuit ce qui est bien je dois dire car j’ai eu une journée épuisante. Certains parents sont parfois très têtus on a beau le dire que c’est pour le bien de leur enfant, ils se braquent et ne nous écoutent plus, il y a des fois où je me demande pourquoi j’ai choisi ce métier, mais j’ai toujours aimé la médecine vous savez, depuis mon plus jeune âge j’ai toujours était faite pour ça… » Bavarde était sans doute le pire défaut de la jolie brune, dès qu’elle se lançait dans un sujet et encore plus s’il s’agissait de la médecine, elle pouvait en parler pendant des heures sans s’arrêter. Se sentant confuse, elle n’osa plus regarder le jeune homme brun. « Je parle trop c’est ça ? Vous pouvez me le dire vous savez, depuis le temps qu’on me le répète je suis habituée. » Sutton pris son courage à deux mains et leva la tête vers l’homme qui semblait s’amusait de la situation. « Vous parlez trop en effet, mais vous savez quoi ? Ça ne me dérange pas, je suis ici que depuis deux semaines donc je ne connais personne alors même si vous me racontiez toute votre journée entière ça ne me dérangerait pas. » Il ne se rendait pas compte de la gravité de sa phrase, il venait d’offrir à Sutton une occasion en or de pouvoir parler à quelqu’un de sa journée épuisante, malheureusement il ne serait pas rentré chez lui avant 6 heures du matin dans ce cas. « Vous ne vous rendez pas compte de la gravité de votre phrase, si je commence à vous raconter ma journée vous en avez pour des heures et quand je suis lancée je ne m’arrête plus donc vous allez également savoir ce que j’ai fait hier, avant-hier et tous les jours de la semaine. » Le barman apporta leurs boissons et le jeune homme bu tout d’un coup sec. « J’ai tout mon temps, je n’ai pas de femme pas d’enfants alors même si je ne rentre pas à la maison ce n’est pas grave. »

« Sutton, on peut se parler cinq minutes ? » Adriel, l’homme qu’elle avait rencontré il y a trois semaines dans un bar de la ville se tenait près du hall d’entrée. Ils s’étaient revus plusieurs fois depuis leur première rencontre, ils avaient discuté de beaucoup de chose et ils étaient devenus en quelque sorte des amis. La jeune résidente s’avança vers lui d’une démarche rapide. « Oui, mais fais vite, j’ai un patient qui m’attend. » « Tu es libre ce soir ? Je voulais savoir si ça te disait de venir dîner chez moi ? Juste un dîner entre amis, rien de plus. » Sutton eu un moment de surprise avant de retrouver ses esprits, elle ne savait plus quoi répondre. « Euh…je ne sais pas, peut-être oui mais cette semaine ça risque d’être compliqué je suis assez prise. » Elle aurait lui dire qu’elle risquait d'être prise toutes les autres semaines, mais Adriel aurait remarqué que quelque chose ne tournait pas rond chez la jeune femme. « Lundi prochain alors ? Je passerai te prendre ici. » « Je ne sais pas, je te rappelle d’accord, je dois y aller un patient m’attend. » Elle se tourna une dernière fois vers Adriel avant de lui lancer un petit sourire suivit d’un signe de la main puis elle se dirigea vers l’ascenseur pour aller jusqu’au deuxième étage. La jeune femme savait si elle était libre ou non lundi, elle savait aussi que cette semaine n’était pas si chargée que ça, mais ce qu’elle ne savait pas c’était ce qu’elle ressentait pour Adriel. Sutton avait déjà eu des relations amoureuses, plus ou moins sérieuses selon des périodes, mais depuis qu’elle était devenue résidente sa vie sentimentale avait été mise de côté pour privilégier sa carrière. Elle avait eu quelques histoires d’un soir, sans lendemain mais rien de bien sérieux. Avec Adriel, elle savait que ça se limitait à des soirées au bar entre amis, néanmoins Sutton voulait plus que ça et malgré son côté bavarde elle n’osait lui dire ce qu’elle attendait réellement de cette situation. Effrayée par la réaction que pourrait avoir Adriel, la jeune femme gardait ses sentiments de côté au risque de perdre un ami.


Cela faisait plus d’un mois que la relation entre Adriel et Sutton s’était dégradée. La jeune femme ne savait plus ce que voulait Adriel, il avait un comportement étrange ce qui déstabilisait la jeune femme qui était déjà mal à l’aise depuis un certain temps. Ce soir, ils étaient chez Sutton pour passer une soirée ensemble mais il régnait un silence de plomb et l’ambiance n’était pas au beau fixe. La jeune femme, qui ne supportait plus ce silence respira un bon coup avant de briser la glace. « Je t’ai invité à venir chez moi, tu étais d’accord et depuis le début de la soirée c’est comme-ci tu m’avais à peine décroché un mot, il se passe quoi ? » Adriel qui regardait la télé se tourna vers Sutton avant de replonger son regard dans l’écran. « Adriel ! Aurais-tu l’obligeance de daigner me répondre ? Il se passe quoi ? Si tu ne voulais pas venir je ne te forçais pas, rien ne t’obligeais à passer la soirée avec moi tu le sais bien, pourtant tu es quand même venu alors si c’est pour tirer la tronche tu peux partir tu connais la sortie. » Exaspérée Sutton partit se réfugiait dans sa chambre. Une heure plus tard alors que la jeune femme était allongée sur son lit, Adriel vint frapper à sa porte. « Sutton, je peux entrer ? » « Tu es décidé à me parler maintenant ? Parce que sinon tu peux faire demi-tour. » Il entra sans qu’elle le lui ait dit. « Tu peux m’expliquer ce qu’il se passe ? Je sais que tout n’est pas de ta faute, j’ai aussi posé mes distances depuis quelques temps, mais tu ne me parle même plus, tu es bizarre et encore plus distant que moi. » « Je crois qu’il vaudrait mieux qu’on arrête de se voir pendant un petit moment c’est préférable pour nous deux. » « Pardon ? Mais pourquoi ? » « Tu viens de le dire toi-même, on est distant l’un de l’autre et on ne se parle que dans quelques rares occasion. » « Justement, en faisait preuve de bonne foi et en mettant les choses au clair on pourrait réussir à retrouver notre complicité d’avant. » « Je ne sais pas, en tout cas je vais me tenir loin de toi pendant un petit moment histoire de savoir où j’en suis, tu devrais faire de même. » « Vraiment, tu crois ça ? Parce que personnellement je sais très bien où j’en suis et je vais te le dire. Je t’aime Adriel, peut-être pas de la même façon que tu m’aimes, mais je t’aime à ma manière et j’étais trop effrayée pour te le dire avant, ayant peur de te perdre. Donc tu peux partir, prendre tout le temps dont tu as besoin, mais moi je sais où j’en suis et ce que je ressens. » Elle se leva du canapé et s’approcha d’Adriel qui était sur le point d’ouvrir la porte. Elle attrapa sa main l’obligeant à se retourner et elle l’embrassa. « Maintenant, pars. » Il semblait déstabilisé, Sutton avait espéré qu’après ce baiser il aurait décidé de rester mais il partit en refermant la porte derrière lui et en laissant Sutton seule.